Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/194

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Jeanne lut la lettre et la rendit.

— Je dois vous dire, ajouta-t-elle avec un sourire, que j’ai vu un seul mot, le nom d’Émily ou d’Émilia, je crois, sur cette fameuse page.

— Oh ! non, vous vous êtes trompée.

Et il rougit un moment avec une vivacité qui me fit voir quel éclat pouvait briller dans les yeux de lord Erlistoun. Il remit la lettre dans sa poche et nous revînmes au sujet que nous avions discuté languissamment dans les champs, par un complet contraste avec ce qui nous entourait, à savoir la vie de Londres, la vie du monde telle qu’elle est dépeinte dans la plus brillante, la plus détestable et la plus mélancolique de toutes les fictions : la Foire aux vanités de Thackeray.

— La question est de savoir, à ce qu’il me semble, dit Jeanne, si c’est là une véritable peinture de ce genre de vie ? Je n’hésite jamais devant une vérité, parce qu’elle est douloureuse, mais est-ce la vérité ? Je n’ai aucun moyen d’en juger. Est-ce la vérité, lord Erlistoun ?

— En grande partie, j’en ai peur.

— Eh bien, alors, si j’avais une sœur, je lui dirais comme Hamlet : « Va-t’en dans un couvent ; va, va, va, » plutôt que de la voir jetée dans le grand monde, pour devenir une de ces femmes que vous décrivez quelquefois. Je ne pouvais