Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/195

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m’empêcher de me dire cela, même dans la cathédrale ce matin, en regardant le joli visage enfantin de cette petite lady Emily Gage.

Lord Erlistoun secoua la crotte de ses bottes ; il ne craignait plus les bottes crottées maintenant, et il dit d’un ton indifférent :

— Que pensez-vous de cette petite pensionnaire, miss Dowglas ?

— De lady Emily ? Je n’ai vraiment pas eu l’occasion de m’en former une opinion. De temps en temps seulement je me suis sentie triste en la regardant et en pensant comme sa vie d’enfant finirait vite. J’ai toujours une grande compassion d’une héritière ; elle n’a pas même les chances ordinaires de nous autres femmes.

— Que voulez-vous dire ? Qu’elle a la chance d’être aimée pour toute autre raison qu’elle-même ?

— Ou que si elle était aimée, elle ne le croirait probablement pas. Pauvre petite lady Emily !

— Ne prodiguez pas votre pitié à lady Emily. Vous pourriez bien en réserver quelque chose pour nous autres hommes du monde, qui ne trouvons jamais une femme en qui on puisse croire ; nous qui sommes flattés, poursuivis, pourchassés pour ainsi dire ; qui n’osons pas regarder un joli visage de peur que ce ne soit un hameçon pour