Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/199

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rent ! Vous avez été accoutumé à regarder le mariage comme un marché, un arrangement, une question de bonne et convenable situation ; moi, je le regarde comme une chose sacrée. Il n’y a point de milieu ; il faut que le mariage soit saint ou profané, que ce soit le bonheur complet, ou la souffrance et le péché. À mon sens, un homme ou une femme qui se marie sans amour, commet positivement un péché.

Lord Erlistoun ne répondit pas un mot. En traversant les champs silencieux sous le crépuscule, à peine fit-il une remarque. Ce fut ma main qui aida Jeanne à franchir les barrières ; il ne lui offrit pas la sienne. Mes mains étaient grandes et rudes peut-être, elles ne ressemblaient pas à ses mains ; mais le pouls d’un homme battait dans leurs veines ; elles pouvaient soutenir une femme et la garder aussi.

— Voulez-vous faire encore un tour sur la terrasse, miss Dowglas ?

— Non, il est trop tard. J’aime mieux rentrer.

Elle s’échappa. Fut-ce par le même instinct qu’elle s’échappa toute la soirée, chaque fois que lord Erlistoun s’approcha d’elle ?

Je me souviens bien de cette soirée et de l’expression de Jeanne. Son teint était un peu animé et elle avait un certain air inquiet. Elle