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Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/198

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— Je n’ai jamais rien dit ni rien pensé de pareil, lord Erlistoun.

— Que voulez-vous donc que je fasse ? Que voulez-vous que je devienne ?

Pour moi, appuyé sur l’autre poteau de la barrière, à une certaine distance, je fus frappé de cet entretien. C’est une grande affaire quand un homme vient à demander à une femme ce qu’elle veut qu’il devienne ; Jeanne en fut peut-être frappée aussi, car elle répondit assez franchement :

— Vous en êtes le meilleur juge ; chacun est le gardien de sa propre conscience.

— Mais il peut rencontrer un autre lui-même, une conscience plus pure pour lui venir en aide. Miss Dowglas, faut-il suivre l’avis de ma mère et me marier ?

— Non.

La vérité et le devoir qu’elle sentait de la dire semblaient faire oublier à Jeanne tout le reste.

— Vous marier comme vous venez de dire, non, assurément. À ceux qui ne voient pas mieux, qui ne savent pas mieux, on peut le pardonner, mais à vous, non.

Je vis que lord Erlistoun souriait à demi :

— Vous ne me comprenez pas ?

— Oui, je vous comprends, je crois ; mais nous envisageons les choses d’un point de vue si diffé-