Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/210

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À mon âge, on est rarement dépourvu de quelque pénétration, surtout quand les facultés d’observation sont acquises par certains faits qui nous regardent seuls. Je puis, je crois, distinguer tout ce qui est vrai dans les sentiments où l’expression est vraie ; je sais aussi respecter les sentiments vraiment honnêtes et sincères.

Jeanne avait pris garde, elle me l’avait dit nettement. Peut-être pouvait-on accorder un peu de regret passager à la souffrance passagère du jeune lord Erlistoun.

Je lui dis que je n’allais pas tous les samedis à Lythwaite, mais que je comptais, ce soir-là, aller chez nous.

— Ah ! vraiment ? Il doit être agréable de pouvoir dire comme vous le dites : « Chez nous. » C’est un mot bien anglais.

Là-dessus, nous entamâmes en théorie diverses questions sur le même sujet. Je reconnus dans la conversation de lord Erlistoun des tours de pensées, même des tours de phrase qui venaient de ma cousine Jeanne. J’ai souvent remarqué qu’on imite involontairement, non seulement le tour d’esprit, mais même les petites habitudes de langage ou de gestes de la personne qui a le plus d’influence sur nous.

Je le répète : pour cette raison comme à cause