Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/222

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pendant qu’elle examinait celle que son fils unique voulait mettre à sa place et faire lady Erlistoun.

Et Jeanne ?

Une fois ou deux, devant ce profil incliné, à cet accent de famille qu’on retrouve parfois dans la plupart des voix, j’aperçus que le calme de Jeanne était troublé ; du reste, elle fut, comme j’en étais certain d’avance, simplement elle-même ; elle pouvait déguiser ou plutôt taire quelquefois ses pensées et ses sentiments, son caractère, jamais ! C’eût été pour elle une ignoble hypocrisie.

Je les suivis, se promenant lentement dans le jardin, parlant de livres, de tableaux, de la vie du continent, comme Jeanne savait le faire quand c’était nécessaire. Je n’aperçus en aucune manière qu’elle hésitât le moins du monde, qu’elle faillît en quoi que ce fût à ce qu’elle devait à elle-même et à nous autres Brownes.

Nous autres Brownes ! Bien que lady Erlistoun fût extrêmement gracieuse, bien qu’elle eût trop de respect pour elle-même pour ne pas remplir jusqu’au bout la tâche de politesse qu’elle s’était évidemment imposée, on sentait cependant la ligne de démarcation imperceptible, mais inévitable, qu’elle tirait entre Jeanne Dowglas et nous, autres Brownes.

En la quittant, elle lui tendit la main :