Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/23

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Mais la jeune fille, à laquelle ce discours était véritablement adressé, ne répondit rien, et Guillaume quitta la maison en l’approuvant de n’avoir rien dit.

Toute la journée du lendemain, il pensa à elle, tout en se reprochant d’être assez fou pour y penser, puis il recommençait de plus belle et pensait à elle plus que jamais. Il cherchait à la déprécier dans son esprit ; il se disait qu’elle n’était pas jolie, puis il se répondait avec indignation qu’elle lui plaisait plus que toutes les beautés du monde. Il se reprochait d’être si campagnard, d’avoir la figure si rouge, les épaules si larges ; elle avait l’air d’une dame avec son teint uni, ses cheveux noirs brillants et sa robe si fraîche. Jolie ou non, elle l’attirait irrésistiblement ; il ne pouvait dompter l’instinct qui lui faisait désirer de la revoir encore une fois, pour lui trouver un défaut qui délivrât son cœur des mains de ce geôlier involontaire. Mais il la retrouva pure et modeste comme la veille. Il restait là, répondant à tort et à travers aux questions de son père, tandis qu’elle se retirait de plus en plus à l’ombre du manteau de la cheminée, loin de ses regards. Alors, l’esprit qui le possédait (car ce n’est pas lui, à coup sûr, qui eût pu commettre un pareil acte d’impudence) le fit lever pour changer la chandelle de place, sous