Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/22

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son père ; il reconduisit donc le vieillard chez lui, tout en paraissant ajouter foi à ses assertions répétées, qu’il ne buvait que de l’eau. En approchant de sa demeure, l’étranger cherchait à regagner un peu de fermeté d’allure, comme s’il y avait là quelqu’un dont il craignait de blesser les sentiments ou au respect duquel il tenait encore dans son état de demi-ivresse. La maison était d’une propreté exquise, même à l’extérieur ; le seuil, la fenêtre, les rideaux indiquaient la présence à l’intérieur d’un esprit de pureté. Guillaume fut récompensé de ses attentions par le regard reconnaissant d’une jeune fille de vingt ans environ, qui rougit ensuite de honte. Elle ne dit pas un mot, elle ne seconda pas l’invitation hospitalière que répétait le vieillard ; elle paraissait répugner à l’idée de voir un étranger témoin des efforts que faisait son père pour cacher dignement son état, et Guillaume ne put supporter de rester pour la voir mal à l’aise ; seulement, lorsque le vieillard, lui secouant la main d’une faible étreinte, le pria à plusieurs reprises de revenir les voir un autre jour, Guillaume chercha les yeux baissés de la jeune fille et sans pouvoir lire ce qu’ils voilaient, il répondit timidement :

— Si cela ne déplaît à personne ici, je viendrai ; merci bien !