Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/230

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réside surtout dans le sentiment qu’elle possède tant de choses qu’il lui est inutile d’en faire parade. Hélas ! si, dans notre génération, nous étions aussi sages que les enfants du monde, si nous faisions autant de cas de nos véritables trésors, de notre honnêteté d’hommes ou de femmes, si nous n’avions pas honte de nous-mêmes, je crois que nos supérieurs par les manières, par l’éducation, seule supériorité qu’ils possèdent réellement sur nous, seraient bientôt obligés de reconnaître la noblesse qui naît du mérite seul, cette puissance qui n’a pas besoin de se prouver, puisqu’elle ne vient point de l’homme, mais de Dieu.

Je sais que tous les soirs, moi, Marc Browne, dont le père était un commis et la mère une couturière, je me suis trouvé chez les plus grands et les plus nobles de notre pays, chez les puissants, les sages, les beautés du jour, et que plus je montais, plus j’étais courtoisement traité ; je sais qu’au milieu des velours et des diamants j’ai toujours vu Jeanne Dowglas, simplement Jeanne Dowglas, dans sa toilette habituelle, avec ses manières nobles et grandes, disant ce qui lui convenait, s’habillant comme il lui plaisait, car elle refusait obstinément de dépenser un sou au delà de son modeste revenu, différant de tout le monde, ne redoutant personne et cependant obtenant toujours,