Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/232

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En revenant parfois de ces assemblées, où je n’avais pu apercevoir dans toute la maison de lady Erlistoun une seule pièce dont on pût faire un coin du feu, ni un seul cou découvert et orné de bijoux auxquels on pût en imagination accrocher un enfant, bégayant « ma mère », j’entendais dans le coin de la voiture où se tenait Jeanne, un petit soupir involontaire.

Je ne m’étonne plus que lord Erlistoun eût été frappé du charme du mot home (chez moi) dans notre classe moyenne ; dans sa sphère, excepté pour dire au cocher : « Chez moi, » il ne paraissait pas savoir le sens du mot.

Lord Erlistoun venait nous voir ou plutôt voir Jeanne constamment. Et maintenant, entrevoyant quelquefois une étincelle du feu qui couvait dans ses yeux noirs, et qui indiquait ce qu’il y avait dessous, ce que Jeanne avait dit autrefois qu’elle voudrait bien atteindre… Ah ! pauvre Jeanne !… je commençais à concevoir la raison pour laquelle il était bon et utile, pour lui, de le laisser venir.

Sa mère n’y mettait jamais aucun obstacle. Tous ses projets pour lui semblaient s’être évanouis, vaincus ou annulés par la volonté impérieuse du fils. C’était une personne prudente que lady Erlistoun ; mais c’était mieux qu’une simple femme du