Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/233

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monde, car, lorsqu’on la questionnait, Jeanne disait toujours qu’elle lui plaisait.

Un après-midi, Jeanne et moi nous étions ensemble dans un silence absolu, car j’avais des lettres d’affaires à écrire, et j’étais tellement rassasié de « plaisir », que les affaires me semblaient un délassement et un repos. Jeanne était assise près de la fenêtre, suivant des yeux le mouvement confus d’une rue de Londres : elle ne ressemblait guère à cette Jeanne Dowglas, active et fraîche, qui errait avec moi dans le jardin par une belle matinée de printemps, avant qu’on eût seulement entendu parler de lord Erlistoun à Lythwaite-Hall.

Nous ne parlions jamais de ce temps passé. Heureusement, je sais mettre de côté les temps et les saisons, les pensées et les sentiments, quand je le veux, c’est-à-dire quand ma conscience le veut. Je ne détruis rien, il n’y a que le mal qu’il faille détruire ; mais j’enferme tout et je garde la clef. Je ne conteste jamais rien à personne. J’abandonne ce qui m’est disputé, absolument et complètement. Je laisse les petits droits aller avec les grands. Je ne réclame, je ne demande, je ne dispute rien qui ne m’appartienne pleinement et librement.

Par conséquent, Jeanne et moi, nous causions