Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/240

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on ne pourra s’étonner que ce dévouement ne soit pas consacré en vain à une idole, froide comme du marbre. Malgré tout ce que disait Jeanne, moi qui saisissais des regards et des accents moins soigneusement surveillés à mesure que le temps de la séparation approchait, je me convainquis qu’elle finirait tôt ou tard par épouser lord Erlistoun, en dépit des épreuves qu’elle pouvait lui imposer, de la liberté qu’elle lui laissait.

La veille de son départ, sa voiture était à la porte avant neuf heures. J’entendis son pas rapide sur l’escalier, et je l’entendis entrer dans le second salon où Jeanne arrosait sa jardinière ; de tous les présents dont il eût voulu la combler, elle n’acceptait que des fleurs.

— Je viens pour passer toute la journée ; me le permettez-vous ?

Jeanne sourit ; elle était occupée d’un héliotrope malade qui se desséchait dans l’atmosphère de Londres.

— Vous voyez, je ne puis pas le faire vivre.

— Peu m’importe ; gardez-le tant qu’il en vaut la peine, et puis jetez-le. Mais vous ne m’avez pas répondu ; dites-moi, puis-je rester, ou voulez-vous que je m’en aille ?

— Non ; et la main de Jeanne se glissa dans la sienne. C’est le dernier jour ; non.