Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/269

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reconnaissante dans la voix. Marc, je ne suis pas romanesque… maintenant ; mais l’affection de cette enfant me va au cœur. Elle a été élevée presque comme une religieuse, elle est innocente comme une colombe, et elle a pour moi le charme d’une fleur. Je veux garder à la colombe ses ailes d’argent, je veux empêcher que rien ne souille la pureté de la fleur.

— Vous ne le pouvez pas, son sort est de vivre dans le monde, il faut qu’elle y passe.

— Je le sens, et je ne voudrais pas la retenir loin du monde ; mais je voudrais la rendre forte pour une situation si périlleuse, afin qu’elle y fût en sûreté et qu’elle en fût digne. Je voudrais…

— Lui faire du bien ?

Si j’avais cru que cette phrase pût faire tant de peine à Jeanne, je me serais coupé la langue avant de la prononcer. Ses lèvres tremblaient lorsqu’elle répondit :

— Ne dites pas cela, je ne le redirai jamais.

— Peut-être vaut-il mieux ne pas le dire et ne pas le penser ; mais ce n’est pas une raison pour y renoncer. Une personne comme vous n’a qu’à vivre pour faire le bien.

— Merci, cousin.

Ses yeux étaient remplis de larmes ; elle retomba dans le silence.