Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/279

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Champs Élysées, lorsque j’aperçus tout à coup en face de moi une apparition en chair et en os, lorsqu’au milieu de ceux que j’examinais, je vis apparaître la tête d’un jeune homme.

La taille, la tournure, le mouvement impétueux de la tête, je ne pouvais pas me tromper, c’était lord Erlistoun.

Lord Erlistoun ici, en Angleterre ? allant à des concerts, assis gaiement parmi ses amis ; sa mère et deux autres dames étaient avec lui ? Et Jeanne Dowglas ?

Je m’assis résolument, sans un mot ou un signe, en me plaçant de manière à ce qu’elle se détournât de lui, en se tournant vers moi ; c’était inutile, elle ne bougeait pas ; seulement elle dit avec un doux soupir de satisfaction :

— Oh ! Marc, j’ai passé un si bel anniversaire !

Cela me décida. Advienne que pourra ; ce jour-là, le dernier peut-être, nous resterait à elle et à moi.

Je me tins donc près d’elle, attentif et silencieux ; j’entendis comme dans un rêve la messe des morts de Mozart ; le tumulte du Dies iræ, le Rex tremendæ majestatis, l’Agnus Dei avec sa fin céleste, comme si les portes paisibles du tombeau se fermaient sur toutes les douleurs humaines : Dona nobis requiem.

Et la soirée était finie.