Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/314

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il n’y avait qu’une seule chose que son cœur pût reconnaître et accepter comme la patrie.

J’aimais Jeanne Dowglas. C’était la seule femme que j’eusse jamais aimée. Elle s’était levée sur ma vie comme une étoile. Des nuages étaient venus entre elle et moi ; j’avais erré dans la vie et dans les ténèbres les plus épaisses, comme on dit dans le Lobgesang ; cet air me poursuit encore ; mais mon étoile ne pâlit pas, ne tomba pas.

Pour nous, comme Jeanne le disait de son sexe, la pierre de touche d’un véritable attachement (écoutez bien, coquettes, prudes au cœur étroit, qui croyez mieux asservir vos amants en les rendant fous), la pierre de touche, c’est de faire moins de cas de l’amour d’une femme que d’elle-même, de tenir par-dessus tout à la pureté éclatante de cette image que tout homme né de femme devrait voir briller devant lui toute sa vie comme une étoile dans le ciel, qu’il pût l’atteindre ou non. Si l’étoile tombe, que Dieu lui vienne en aide, car sa chute est comme celle de l’étoile Absinthe, qui entraîne après elle un tiers du ciel.

J’aimais Jeanne d’abord d’une manière abstraite, par une espèce de culte ; puis de plus en plus près, en reconnaissant tous ses faibles, sans fermer même les yeux à ses défauts, sans perdre cependant le respect, et ce sentiment d’un tendre mystère que