Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ceux qui aiment doivent avoir l’un pour l’autre, sans quoi l’amour meurt indubitablement de mort violente ou de mort naturelle. Voilà comment, au moment de son chagrin, je la ramenai à la maison.

Elle n’en savait absolument rien ; ignorante comme un enfant, elle attendait tout de moi avec une simplicité touchante et tacite. Mais j’étais un homme, et fort comme un homme doit être lorsque le ciel semble lui remettre entre les mains sa destinée, et peut-être plus que sa destinée.

Les jeunes gens étourdis et présomptueux peuvent hésiter ; moi, je n’hésitai jamais. Les hommes lâches ou violents auraient pu reculer, redoutant leur sort ou eux-mêmes ; je ne craignais rien. Les vicissitudes de la fortune, le cours des années, la peine, l’attente, l’incertitude, tout cela n’est rien, tout cela est moins que rien pour l’homme qui aime véritablement une femme qui vaut la peine qu’il prend pour la conquérir. S’il ne peut triompher de tous les obstacles, c’est qu’elle n’est pas digne de lui ou qu’il n’est pas digne d’elle.

Voilà tout ce que j’avais à dire de moi-même, et c’est assez, puisque c’est un sujet qui me regarde seul.

Lord Erlistoun quitta l’Angleterre, non pas immédiatement, mais il ne revint jamais à Pleasant-