Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/326

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et cependant inconnus, comme aux gens qu’on aperçoit dans les rêves.

— Nous n’avons invité personne pour vous voir, dit lord Erlistoun ; nous voulions vous avoir à nous tous seuls pour la première visite ; en outre, nous ne comptons pas nous laisser encore envahir par la société, il nous semble que nous n’aurons jamais assez de solitude.

Ce nous, naturel et involontaire, la satisfaction qu’il prenait évidemment à cette solitude, du moins à la solitude possible dans une maison qui ressemblait à un palais, et dans une propriété qui couvrait la moitié d’un comté, prouvait que Jeanne avait eu raison. Son dernier amour était le véritable ; il avait jeté l’ancre et trouvé le repos.

— Oui, elle a bonne mine et elle a l’air heureux, lui entendis-je dire en regardant sa jeune femme d’un œil plus tendre que celui d’un amant, tandis qu’elle errait dans sa magnifique serre comme une fleur au milieu des fleurs. Je trouve, Jeanne, qu’elle vous ressemble tous les jours davantage.

Ce fut la seule fois qu’il l’appela Jeanne, ou que sa voix en lui parlant reprit quelque chose de l’ancienne intonation, la seule fois que la physionomie de Jeanne s’altéra ; même un instant, un ange du ciel n’eût pu sourire plus doucement que Jeanne Dowglas, ce jour-là.