Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/329

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— Oui, il serait heureux s’il savait que son souvenir peut nous aider encore, mon bon vieux père. Et pendant un moment je ne songeais qu’à lui et à l’honneur de relever un nom honorable dans ma ville natale, au milieu des miens.

Jeanne me demanda si j’hésitais à accepter ce prêt, puisque je pourrais bientôt en payer l’intérêt et rembourser le tout dans dix ans ?

— Mais si je ne vis pas dix ans ?

— Allons donc !

— Ainsi, vous me croyez immortel, comme semblent l’être ceux qui ne font pas cas de leur vie et qui n’ont personne pour en faire cas.

— Mon cousin Marc n’est pas du nombre, il le sait bien.

Au bout d’un instant je lui demandais si elle ne comprenait pas ma crainte d’accepter ce prêt et, si j’échouais, de laisser la dette en héritage à Algernon.

— Mais n’est-ce pas pour Algernon que vous voulez en courir le risque ?

— Pas complètement, Jeanne (et l’amertume de bien des années se fit jour). Dans toute ma vie, je n’ai eu à vivre que pour le devoir et l’honneur. Au moins je veux les conserver jusqu’à la fin.

Jeanne garda un instant le silence ; elle réfléchissait, puis elle se tourna vers moi.