Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/53

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pour l’amour de lui, dites-moi, êtes-vous Suzanne Palmer ? Est-ce mon enfant qui se meurt ? s’écria l’ombre en s’élançant en avant et en saisissant le bras de la pauvre Suzanne.

— C’est une petite fille de deux ans, je ne sais pas à qui elle est, mais je l’aime comme si elle m’appartenait. Venez avec moi, qui que vous soyez, venez avec moi.

Toutes deux volaient dans les rues désertes, silencieuses comme la nuit. Elles entrèrent dans la maison, Suzanne saisit la lumière et monta devant. L’autre suivit.

Elle était là, les yeux hagards, à côté du lit, ne regardant pas Suzanne, mais contemplant avidement le pâle visage de la petite. Elle se baissa et, mettant la main sur son propre cœur comme pour en comprimer les battements, elle appuya son oreille sur les lèvres blanches de sa fille. Quel que fût le résultat, elle ne dit rien ; mais, rejetant les couvertures que Suzanne avait soigneusement arrangées sur la petite créature, elle tâta son côté gauche.

Alors, elle leva les bras au ciel avec un geste de désespoir :

— Elle est morte ! elle est morte !

Elle avait l’air si farouche, si insensé, si hagard, qu’un instant Suzanne eut peur. La minute d’a-