Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/54

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près le Dieu saint mit du courage dans son cœur, ses bras entouraient la pauvre femme tombée, et ses larmes inondaient son sein. Mais elle fut repoussée avec violence :

— Vous l’avez tuée, vous l’avez négligée, vous l’avez laissée tomber sur l’escalier, vous l’avez tuée.

Suzanne essuyait les larmes qui l’aveuglaient, et regardant la mère de ses yeux angéliques, elle dit tristement :

— J’aurais donné ma vie pour elle.

— Oh ! son sang est sur moi, s’écria la malheureuse mère, avec l’impétuosité sauvage de quelqu’un qui n’a rien à aimer, ni personne qui l’aime pour lui enseigner à se contenir.

— Chut ! dit Suzanne en mettant son doigt sur ses lèvres. Voilà le docteur, Dieu permettra peut-être qu’elle vive.

La pauvre mère se retourna brusquement. Le docteur montait l’escalier. Hélas ! elle ne s’était pas trompée, la petite fille n’était plus !

Lorsqu’il eut confirmé son jugement, la mère eut une attaque de nerfs. Suzanne, toujours dans son profond chagrin, dut s’oublier elle-même, oublier la petite fille qu’elle avait tant aimée depuis deux ans, et demanda au docteur ce qu’il fallait faire pour la pauvre créature qui se tordait sur le plancher dans l’extrémité de son agonie.