Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/9

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La voix du pauvre garçon tremblait et il se mit à pleurer. Ce fut évidemment avec effort que madame Leigh s’arracha de la fenêtre, mais elle obéit en soupirant à la prière de son fils.

Les deux jeunes gens (Guillaume avait tout près de vingt et un ans, mais sa mère le regardait encore comme un enfant), avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour rendre la cuisine séduisante aux yeux de leur mère. Jamais, dans le temps passé, avant ses chagrins, elle n’avait préparé un feu plus clair ou un foyer plus propre pour le retour de son mari. Les tasses étaient sur la table, la bouilloire était sur le feu, et la douleur des deux jeunes gens s’était changée en une sorte de sérénité grave. Ils entouraient leur mère de toutes les petites attentions qu’ils pouvaient imaginer, mais elle ne paraissait pas y faire grande attention ; elle ne résistait pas, elle se soumettait à tous leurs arrangements, mais rien ne semblait lui aller au cœur.

Quand le thé fut fini, ce qui n’avait été qu’une simple forme, Guillaume débarrassa la table et sa mère se laissa retomber languissamment sur sa chaise.

— Mère, veux-tu que Thomas lise un chapitre ? Il lit mieux que moi, tu sais ?

— Oui, mon garçon, dit-elle presque vivement.