Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/10

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Lis-moi. Lis-moi l’Enfant prodigue. Oui, oui, mon garçon. Merci.

Thomas chercha le chapitre, et lut de cet accent aigu et monotone habituel aux écoles de village. Sa mère se pencha en avant, les lèvres entr’ouvertes, les yeux dilatés, tout son corps tendu par une attention fébrile. Guillaume restait là, la tête baissée, les yeux fixés sur la terre. Il savait pourquoi ce chapitre avait été choisi, et le souvenir du déshonneur de la famille lui était amer. Lorsque la lecture fut finie, il resta immobile dans un sombre silence. Mais le visage de sa mère était moins triste que tout le reste. Son regard était vague, comme si elle entrevoyait une vision, et elle finit par attirer la Bible à elle, suivant du doigt chaque ligne et lisant à voix basse ; elle relut les paroles de douleur et d’humiliation, mais elle s’arrêta, surtout, sur le tendre accueil fait par le père à l’enfant prodigue repentant.

Ainsi passa la soirée de Noël à la ferme d’Upclose.

La neige était tombée en abondance sur les sombres bruyères avant le jour de l’enterrement. Le dôme noir et orageux du ciel pesait sur la terre blanchie, au moment où le corps partit de la maison qui l’avait reconnu si longtemps pour son autorité suprême. La procession funèbre mar-