Page:Gaskell Craik - Trois histoires d amour.djvu/95

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— Laissez-moi écrire, maman, un petit mot, seulement pour lui dire que je… que je ne crois pas…

— Chut ! et les lèvres tremblantes furent fermées par un baiser aussi résolu que tendre. Non, pas un mot, mon enfant. Moi, sa mère, je puis lui parler d’une pareille chose, pas vous.

Je me sentais défaillir à la pensée que cette fragile jeune fille, pure comme une fleur, eût même appris qu’il existait un péché dont non seulement sir John Childe, mais toutes les commères des environs accusaient son fiancé. Je sus par la suite que le baronnet avait insisté pour que M. Rochdale niât le fait sur-le-champ et absolument, sans quoi l’engagement devait être rompu.

La mère avait réclamé le droit de poser elle-même cette question à son fils, et c’était ce qu’elle venait d’écrire dans cette lettre qu’elle cachetait et dont elle mettait l’adresse d’une main ferme, et avec un sourire moitié résolu, moitié dédaigneux.

— Marthe, mettez ceci à la poste vous-même et dites à la femme de chambre de mademoiselle Childe que sa maîtresse restera encore huit jours au château. Oui, mon enfant, cela vaut mieux.

Alors s’asseyant pesamment dans le grand fauteuil, madame Rochdale attira Célandine vers elle, et je la vis prendre sur ses genoux la frêle