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Page:Gasquet - Le Paradis retrouvé, 1911.djvu/30

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Et les yeux de la mer se ferment lentement.
Le cœur ravi du Maître exulte au firmament,
Car, des monts chevelus à la vive couleuvre,
Tout l’aime. Et il satisfait contemple son œuvre.

L’Homme seul, dans le chœur du merveilleux jardin,
Ne participe pas aux cantiques d’Éden,
Et déjà, sur les bords vacillants de l'abîme,
Vers le jour disparu penchant son front sublime,
Sent déferler le doute en face de la nuit,
Et le croissant bleuit derrière son ennui.

Les âges à venir que les fils de sa race
Vivront avec la chair de sa chair, dans l'espace
Plus fluide, là-bas, se le montrent entre eux.
Sous les arbres s’enfonce un chemin ténébreux
Où passe, par moments, une rumeur de foule,
Et pleine de sanglots, à ses pieds, la mer roule
Un visage d’écume, un front pareil au sien.
Pourtant, ce soir, le Maître a murmuré : «C’est bien.»