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l’autre bout de l’an qu’ils vont ès trueyes et lors les appelle l’en oustes[1] ; quar ils ne sont point une nuit là où sont une autre, fors que tant comme truevent à mengier ; car toutes menjures leur sont faillies comme est gland, faines et autres choses. Aucune fois un grant sanglier a bien un autre sanglier aveque luy, mes c’est à tard. Ils naissent en mars, et une fois l’an vont en amour. Et pou de trueyes portent deux fois l’an, espiciaument les sauvaiges ; mes j’en ay bien veu[2]. Ils vont bien loinh aucune fois à leurs menjures et se relièvent pour aller à leur menjure entre nuyt et jour ; et s’en vont à leur demourer anssois qu’il soit jour ; mes se aucune fois le jour les prend au chemin, ils demuerent voulentiers en aucun petit fort lieu, là où le jour les prendra, jusques à tant qu’il soit nuyt. Ils ont le vent de la glant autant comme l’ours ou plus. Ils vivent d’erbes, de flours, espiciaument en may qui les fet renouveler leur poill et leur char ; et dient aucuns bons veneurs que en celuy temps par les herbes et par les flours qu’ils menjent, ils portent medicine, mes

  1. Oustes, hôtes, passagers.

    « Le sanglier n’a certaine demeure, aussi dit-on qu’il n’est qu’un hoste, parce qu’il ne fait que courir de forest et bois en autre. »

    (Maison rustique (1572), livre 6, ch. 51.)

    Eugenio Raimondi, dans son livre de chasse, traduit littéralement ce passage :

    « Il cinghiale non tiene cede certa, e perciò si dice, che non è se non forastiero ; percio che non fà altro, che correre da un bosco, e da una forest’ all’ altra. »

    (Raimondi, l. ii, ch. 2.)
  2. Buffon dit que la laie ne porte qu’une fois l’an. Phœbus affirme au contraire en avoir vu qui ont mis bas deux portées. Cela est d’ailleurs conforme à ce que Domenico Boccamazza rapporte des laies de la campagne de Rome : « Le scrofe figliano doi volte l’anno, cioè de marzo ed aprile, e de iuglio e de agosto. »

    « Les laies mettent bas deux fois l’an, c’est à dire en mars ou avril et en juillet ou août. »

    (Caccie della Trasteverina, l. v.)