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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/113

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tout fendre et ruer tout mort à un cop sans parler à homme ; et moy meismes a il porté moult de fois à terre moy et mon coursier, et mort le coursier.

Ils vont en leur amour aux trueyes, environ la Saint-Andrieu et dure en leur grant chaleur trois sepmaines ; et pour quant[1] que les trueyes soient refroidies, le sanglier ne se retret pas de elle comme fait l’ours ; anssois demuere en leur compaignie et s’afouche[2] et sont ensemble jusques à la Épiphanie passée, et alors se despartent des trueyes et vont prendre leurs buissons et quérir leur vie tous seuls, et tous seuls demuerent jusques à

    Dist Blancandrins : Par cette meie destre
    E par la barbe ki al piz me ventelet,
    (qui sur ma poitrine voltige)
    L’ost des Franceis verrez sempres deffere.

    (Chanson de Roland, publiée par M. Francisque Michel, st. iv.)

  1. Pour quant, encore que.
  2. S’afouche, s’afoucher, se mettre en troupe. Cette expression vient sans doute du vieux mot fouc, troupeau, qui lui-même est dérivé du mot espagnol afojar ou ahojar, brouter des feuilles, fojas ; ce qui s’entend des troupeaux mis au pacage dans les bois. C’est aussi de là que nous avons tiré le mot foucagium, affouage, droit de pâturer dans bois. L’auteur d’une vie manuscrite de J.s, citée dans le supplément de Ducange, verbo foucagium, traduit ainsi ce passage de Zacharie, ch. 13, v. 7 : « Percute pastorem et dispergentur oves. »

    Dès que li pastour est férus,
    Li fouc des berbis est vaincus.

    Ducange cite encore cet exemple : « On ne dit pas fouc de vaches, ne fouc de chevaux, mais on dit bien fouc de pourchiaus et fouc de brebis. »

    Je pense qu’il ne faut pas confondre s’afoucher avec le mot affouchier cité par Nicot, Dictionnaire du vieux langage : « Les veneurs dient les sangliers estre affouchiez, quand ils s’amusent à fouiller la racine des fuchères.