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vent de toutes pars. Et si lors voit ne sent nulle chose qui le puisse nuyre à faire son chemin qui vuelt aler, il s’en retourne dedens le bois et james par yqui ne saudra[1], si toutes les deffenses et huées du monde y estoient ; mes puis[2] qu’il a entreprins son chemin, il ne leisseroit pour rien qu’il n’alast tout oultre. Quant il fuit, il fet pou de reùses, ce n’est que il vuille demourer ; anssois court sus aux chiens ou aux gens ; pour quant que on le fiere ne blesse, il ne se plaint, ne crie point ; mes quant il vient courre sus aux hommes, il menasse fort en groinhant ; mes tant comme il se puelt deffendre, il se deffend sanz plaindre ; et quant il ne se puet plus deffendre, pou de sangliers sont qui ne se plainhent et crient quant ce vient sus le morir.

Ilz giètent leurs laisses comme font les autres porcs, et selon leurs menjures ou moles ou dures ; mes on ne les porte à l’assemblée ne les judge l’en comme fet du cerf ou d’autres bestes rousses.

À grant paine vit sanglier xx ans. Il ne remue james ses dens, ne les pert se n’est de cop.

Hon apelle de toutes bestes mordans les trasses ; et de bestes rousses le pié ou les foyes[3] ; et puet l’en apeller et les unes et les autres routes ou erres. Leur sayn est bon einsi que des autres porcs privés et leur char aussi. Aucunes gens dient que à la jambe devant on cognoist quant ans un sanglier ha ; quar il a tantes petites foussettes en la jambe comme il ha de anz ; mes je ne l’afferme mie.

Les trueyes meinent aveques elles leurs pourciaulx deux ventrées sanz plus ; et puis chassent ceulx de la première ventrée en sus d’elles ; quar ils ont jà deux ans et iii mois comptant celuy en qui furent nez. Et brief elles ont toutes natures d’autres trueyes privées, fors que elles ne portent deux. Quant elles sont

  1. Saudra, sortira.
  2. Puis, après.
  3. Foyes, voyes.