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ton donna des lettres de rémission aux habitants de Foix qui avaient assiégé Raymond Roger de Mirepoix dans le château de Harenc, Ensuite, soit afin de ne pas se mêler aux intrigues et aux menées de son beau-frère, soit dans le désir de se signaler par quelque fait d’armes, il se rendit en Prusse pour y combattre en faveur des Chevaliers teutoniques. Il fut accompagné dans cette expédition par le captal de Buch, et ces deux guerriers emmenaient avec eux le Bastot de Maulion et d’autres hommes d’armes dont le nom n’a pas été conservé par les historiens.

Vers la fin du xiie siècle, les Chevaliers teutoniques avaient été institués à Ptolémaïs, sous le titre de Sainte-Marie-des-Allemands (Sancta-Maria Teutonicorum), dans le but de protéger ceux de leurs compatriotes qui faisaient le pèlerinage de la Terre-Sainte ; bientôt ils furent appelés en Prusse par Conrad, duc de Masovie et de Pologne, afin de convertir par l’épée les populations idolâtres des bords de l’Oder et de la Vistule. Ils ne tardèrent pas à recevoir dans leurs rangs les Porte-glaives' ou chevaliers de Livonie, et, devenus puissants par la réunion des deux ordres, ils firent la conquête de tout le pays. Pendant qu’ils acquéraient ainsi un royaume au nord de l’Europe, ils perdaient ce qu’ils possédaient en Asie. En 1281, la ville de Ptolémaïs, où se trouvait la principale maison de l’ordre, fut prise par le Soudan d’Égypte. Les chevaliers qui étaient restés en Orient, se retirèrent à Venise, puis à Marbourg dans la Hesse ; enfin, en 1306, le maître Geoffroy de Hoenloë, transféra le lieu principal de leur résidence dans la ville de Marienbourg. Au temps de Gaston Phœbus, ces chevaliers ne conservaient plus rien de la simplicité primitive de leur institution. C’eût été inutilement que le maître Winric de Kniprode eût tenté de les y ramener. Ils ne se contentaient plus, comme autrefois, du titre de frères ; ils voulaient être appelés seigneurs. Ils vivaient avec faste, au point que, quelques années plus tard, il fallut qu’un chapitre de l’ordre fît défense aux simples chevaliers d’entretenir plus de dix chevaux pour leur usage personnel, et aux