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tant qu’il soit gari quar certainement il garira. Et si vous voulés fere plus d’oinhement, si prenés plus des choses suzdites à l’avenant ou du moins moins.

L’autre maniere de roinhe si s’apelle roinhe volante ; quar elle n’est pas par tout le corps, mes vient plus volentiers ès oreilles et teste des chiens et jambes que en autre lieu, et est vermeille et saute d’un lieu en autre, einsi comme farsin. Ceste est encore plus greveuse de garir ; et à ceste roinhe est le meilleur oinhement que on puisse fere, combien que je en feroye de plusieurs manières : prenez vif argent tant comme voudrés fere de l’oinhement, et metez en une escuelle et avecques la cracheure et salive de trois ou de quatre hommes, menez tout ensemble contre rescuelle aux dois jusques tant que l’argent vif soit amortiz comme yaue ; puis prenés autant de verdet, polverisé comme de l’argent vif, et meslés ensemble avec ladite salive touzjours menant aux les dois, ainsi comme devant, jusques tant qu’il soit bien encorporé ; puis prenés vieill sain de porc sans sel une grosse pièce ; ostés la pel dessus, et metés en l’escuele suzdite avec les choses suzdites, et meslés et pilés tout ensemble une grant piece, puis le gardés, et en oinhés là où il aura la roinhe, mes non pas en autre lieu, et certainement il garira. Cest oinhement est merveilleusement bon et véritable, non seulement pour ceste chose, mes contre tics et chancres et fistules et farcins et autres mauls vifz qui sont forts à saner.

Autre roinhe est comune, de grater aux piez et aux dens, et est partout le corps. Et toutes ces manières de roinhes vienent aux chiens pour fère grans travaills et longues chasses ; et quant ils sont chaus et boivent des yaues qui ne sont pas netes qui leur corrompent le corps ; et aussi quant ils chassent par mauls pays d’ajonc ou d’espines ou de ronses, et puis ils passent rivières ou pleut par aventure sur euls ; lors leur vient la roinhe. Aussi leur vient roinhe de gresse, quant ils demuerent ou chenill sans chassier et le chenill est mal nestié ; et le fuerre[1] et la paille

  1. Fuerre, paille, fumier. Le proverbe faire la gerbe de fuerre à Dieu,