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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/146

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Il y a autre remède que on peut fere : sausse de sel et de vin aigre et fortz aux pillez et criblez et chaufé ensemble avecques orthies et tout chaud metre sur la morsure ; et cestuy est bon et véritable ; quar je l’ay esprouvé. Et se doit mettre chescun jour deux fois sur la morsure, si chaud comme on le pourra soufrir, jusques tant que la playe soit sanée, ou au moins par ix jours. Et encores y ha un autre remède meilleur que tous les autres : prenez des porriaux et des aux et des ciboles et de la rue et des orthies, et fete le tout piquier d’un coustel bien menuement et puis les mettez avec uylle d’olives et vin aigre et burre en une cuillier de fer sur le fueu, et menez d’une espatule tout ensemble sur le feu. Et puis prenez toutes les dites herbes si chaudes comme len les pourra soufrir et les metre sus la playe deux fois chascun jour jusques tant que la playe soit sanée, ou au moins par ix jours ; mes premièrement soyent getées ventouses, que on appelle coupes, sur la playe pour treire le venin dehors, qu’il n’aille au cueur. Et se chien est mors d’autre chien enragié, est bonne chose le pertuser, environ la morsure, d’un fer chaud.

Les chiens aussi ont une autre maladie qui s’appelle roinhe ; et c’est pour ce qu’ilz sont malenconiex qui leur avient voulentiers roinhe. Il y a quatre manières de roinhe : l’une s’appelle vive roinhe ; et si poile le chien ; et si fet fendasses au cuir ; et se fet le cuir gros et espès ; et cestuy ci est bien mal de garir ; quar s’il garist, il revient voulentiers. Et à ceste roinhe est le meilleur oinhement que on puisse fere, combien que j’en y metroye de x manières : prenez vi livres de miel, un quart de verdet ; et le miel soit premièrement fondu et mené au feu à une espatule, et puis leissié refroydier, et arrière bouillir avec tant d’uille de noiz comme de yaue ou une herbe soit boulie, qui s’appelle en latin eleborum et en nostre langage valaire, qui fait esternuer les gens, et tout ensemble meslés sus le feu et menez bien à l’espatule, et puis le leissiés refroydier ; et quand il sera froit, oinhez le chien près le feu ou au souleill et gardez qu’il ne se leiche, quar il li feroit mal ; et s’il ne garist la premiere fois, si le fetes tant de fois de viii en viii jours jusques