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fois, quant un chien est malement estruffé ou effaussé, il demourra bien demi an ou plus avant qu’il soit du tout refermé[1]. Donc faut-il que vous le leissié longuement séjourner jusques tant qu’il soit du tout gari, et qu’il ne se deule point, et ait la cuisse aussi grosse comme l’autre ; et se pourtant cela il ne garist, fetes li fere aussi comme on fait à un cheval, quant il est affolé devant de l’espaule, une ortie[2] et un sedel[3] de corde ; si garira.

Aussi avient il aucunefois aux chiens mal en la bourse de coullons et aucunefois par fere trop longues chasses et par desrompement ; ou aucunefois qu’ilz sont marfondus comme un cheval ; ou aucunefois quant il y a lisses chaudes et ils ne les pevent tenir, celle voulenté et humour leur tombe aux coullons ; ou aucunesfois par coup qu’ils prennent sur les coullons en chassant ou autrement. À ceste maladie et en toutes les manières dont elle puet venir, c’est le meilleur remède qui soit, faire une bourse de drap de trois ou de iiijre doubles et avoir de la semence de lin et mis dedens un pot meslé avec du vin et le leissier boullir bien ensemble, et meslez touzjours d’une espatule et quant il sera bien cuyt le metre dedens la bourse des-

  1. Refermé, raffermi.
  2. Ortie, mèche qu’on insinue entre la chair et le cuir d’un cheval.
  3. Sedel, du mot espagnol sedal, seton. Dans le manuscrit de la Bibliothèque royale 7099, on lit : cyon, et dans l’édition de Vérard : seon. Cette différence vient de ce que le manuscrit 7098 a été écrit en Béarn à la fin du xiiie siècle, et que le manuscrit 7099 n’a été copié qu’à une époque postérieure et en pays de langue d’oyl où l’on écrivait cion, seon, cyon ou chion. Ainsi, dans une traduction manuscrite de Pietro de’ Crescenzj, conservée à la Bibliothèque mazarine sous le n° P/1280 et portant ce titre : Livre des ruraulx proufits translaté en français à la requeste du roy Charles V, on lit : « Et puis on mectra laps ou chions au pis ou ès cuysses qui admirablement actrairont les humeurs par la force et convenable vertu des laps ou chions. »

    Les laps ou chions du traducteur de Pietre de’ Crescenzj sont l’ortie et le sedel employés par Gaston Phœbus.