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comme des bestes, et reboutèrent tout hors de la ville ; qu’oncques nul deux ne tint ordonnance ne conroy ; et en occirent tant, qu’ils en estoient tous ennuyez ; et si les faisoient saillir à monceaux dans la rivière. Brièvement ils en mirent ce jour à fin plus de sept mille ; et n’en fust nul échappé s’ils les eussent voulu suyvir plus avant… »

Après avoir rendu cet important service, Gaston ne resta pas auprès du régent Charles V. Les querelles interminables qui divisaient les maisons de Foix et d’Armagnac le rappelèrent dans ses États. Ces inimitiés héréditaires s’étaient réveillées ; les deux partis avaient pris les armes, et plusieurs des villes les plus importantes de la Langue-d’Oc s’étaient trouvées entraînées dans cette guerre. Le gouverneur général de cette partie du royaume était le duc de Berry qui, à cette époque, portait encore le titre de comte de Poitiers. Il tenta, mais en vain, de rétablir la paix : l’intimité qui existait entre lui et le comte d’Armagnac, l’union qu’il contracta avec la fille de ce seigneur, donnèrent lieu à Gaston de l’accuser de partialité. Le pape à son tour essaya d’apaiser ces discordes ; son intervention demeura sans succès ; il fallut que le Régent lui-même s’occupât de pacifier leur différend. Le maréchal de Boucicault, qui venait de terminer le traité de Bretigny, fut envoyé par lui, avec deux autres négociateurs, auprès de Gaston, et parvint à faire conclure (le 7 juillet 1360) un arrangement qui, cependant, fut encore de courte durée. Le comte d’Armagnac fut le premier à rompre la paix. Il fit défier Gaston Phœbus, et la guerre recommença. Le 5 décembre 1362, les deux comtes se rencontrèrent auprès de Launac. Leurs armées étaient composées des plus braves chevaliers de la Gascogne. Aussi le choc fut rude et la victoire demeura quelque temps indécise ; mais Gaston avait plus d’habileté que son adversaire. Il fit tourner par quelques-uns de ses archers un taillis auquel l’armée ennemie était appuyée. Au moment où le combat était le plus animé, ceux-ci se précipitèrent sur les derrières des Armagnacs qui, troublés par cette attaque imprévue, ne tardèrent