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en ait bien assenti. Et puis suyvre et li alargir le lien petit à petit et suyvir le bellement et non pas trop tost, touzjours regardant à terre là où il hara terrain qu’il en puisse veoir ou par le pié, ou par les foulées, ou par les fumées, ou par les portées ou en par quieuquonques en voye, il doit dire vez le cy aler et par cy va par les fumées, ou par les foulées, ou par les portées, nommant par laquelle qu’il en voye. Et se son limier faut ses routes, il se doit demourer tout quoy et doit leisser revenir son limier du long du lien ou arrière ou d’une part ou d’autre ; quar un cerf, quant il va à son demourer, revient voulentiers sur soy et fait une ruse ou esteurse et par avanture plus de trois avant que on le puisse trouver selon qu’il est malicieus. Et sil le dresse, il doit regarder en terre, et sil voit que ce soit son droit, il doit dire : par ci, et gecter yleques une brisée, et touzjours qu’il en verra et doitis geter brisée ou pendantes au boys ou geter en terre et les chiens doyvent trère lors avant comme j’ay dit devant ; quar les brisées sont de grant nécessité pour celuy qui fait la suyte ; quar il saura comme j’ay dit jusques là où son limier hara suyvy son droit, et aussi est il de grant nécessité pour ceulz qui menent les chiens ; quar ilz sauront aux brisées par où le cerf et le limier va ; quar les chiens qui viennent derrière doyvent aler par ilec meismes, affin qu’ils ayent assenti plus du cerf et qu’ilz le sachent mieuz garder quant ilz seront descouplez. Et se son limier ne le dresse tantost, il doit prendre un petit tour arrière et puis revenir là où il en hara veu la dernière fois, et d’ilec il pourra prendre ses tours et essains jusques tant qu’il l’ait dressié. Et touzjours einsi suyvant et requérant, quand il sera hors des routes. Et se son limier trait au vent, comme aucuns font voulentiers ; espicialment ceulx qui suyvent la teste levée, il ne le doit pas suyvre, mes demourer tout coy et le retirer arrière aux routes et fère le metre le musel à terre en monstrunt au doy, et disant : Veez le cy aler, beau frère, ou mon amy ; quar le traire au vent du limier n’est pas bonne chose pour ce que au pays meismes pourroit il bien avoir d’autres bestes que le cerf de quoy il sient,