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veoir en terre, il doit touzjours regarder, affin qu’il ne change son droit, jusques tant que le cerf soit pris. Et s’il l’a leissié courre, il le doit deffere en la manière que j’ay dit dessus. Et le cheval qu’il ha mené à matin en queste doit il envoyer au releiz et chevauchier l’autre. Et s’il vient au releis, il doit remonter sur l’autre, affin que l’un des chevaux ait moins de poyne.

Les valetz de chiens, et les aydes et les veneurs doivent tenir chescun son limier en sa chambre, pour trop de raysons ; quar ils en sont plus netz, et devienent plus tard roinheuz. Et aussi plus seront ensemble son meistre et le limier, et l’un saura mieulz les coustumes de l’autre ; et mieulz se connoistront ; et li pourra enseinher trop de choses à l’ostel qu’il ne feroit au bois : couchier et lever, et faire mengier et leissier, et faire crier et tere, et aller devant et demourer derrière, et trop d’autres choses pour metre le en bonne créance et doubtance et amour. Et s’il est au chenil, ce sera tout au contraire ; quar il deviendra roinheus pour le chenill et chalour des autres chiens, ou perdra les piés. Et aussi il ne sera de si très bonne créance, ne fera si bien la volenté de son meistre ; quar il ne le hantera ne continuera fors tant comme il le trera hors du chenill et le menera au bois et le retournera arrière au chenill. Et qui veult bien afetier[1] son limier il le doit prendre et tenir avecques luy dès qu’il ara un an et fere les autres choses que j’ay dessus dit : et s’il y avoit nul cerf en parc ou privé, il le doit fère suyr de hautes erres et de bonnes ; espicialement li enseinher de suyr de hautes erres au commencement ; quar touzjours assent chiens voulentiers de bonnes erres ; et de haultes erres ne le font pas. Et s’il puet avoir des testes des cerfs que on prendra à l’ostel, il le doit fere trainer, et celuy qui le traynera doit aller une fois arrière et autre avant en reusan. Et quant il ara tant suivy, qu’il ara trouvé ou l’en ara mussé la teste, lors le doit-il fere grant feste et li fere tirier la teste ou li donner de la char cuyte,

  1. Afetier. Voyez la note de la page 143.