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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/23

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xix

mourut ; « car, dit Froissard, il fut pauvrement soigné de ses plaies. »

Loin de déterminer les défenseurs de Lourdes à se rendre, la mort d’Arnault de Béarn ne fit qu’accroître leur courage. Le duc d’Anjou se vit forcé de lever le siége. Ainsi l’acte de cruauté commis par Gaston, que rien n’aurait pu justifier, n’eut pas même pour lui cette espèce d’excuse que donne quelquefois le succès. Il faut d’ailleurs le dire, cet emportement n’est malheureusement pas un fait isolé dans la vie de ce prince : lui si courtois, si affable avec les étrangers, si sage dans le gouvernement de ses États, apportait dans ses relations habituelles une violence de caractère qui faisait trembler tous les membres de sa famille. Sa femme n’eut pas à se plaindre seulement des atteintes portées par lui à la foi conjugale. Cette époque était sur ce point moins scrupuleuse que la nôtre ; mais elle eut beaucoup à souffrir de son caractère irascible, et, après vingt-cinq années de mariage, elle fut contrainte à se retirer en Navarre. Une question d’argent servit de prétexte à cette séparation. Le sire d’Albret, fait prisonnier par Gaston, se voyait dans l’impossibilité d’acquitter immédiatement les 50,000 francs exigés pour sa rançon. Le roi de Navarre avait offert de répondre du paiement de cette somme ; mais Gaston refusait une semblable caution. Cependant il finit par céder aux instances d’Agnès ; il accepta la garantie de son beau-frère, toute mauvaise qu’elle lui semblât. Le sire d’Albret fut mis en liberté. Il se passa long-temps avant qu’il eût acquitté sa dette ; enfin il en fit déposer le montant au roi de Navarre, sa caution, qui s’appropria cet argent. Vainement Gaston en demanda la remise ; vainement Agnès se rendit en Navarre pour le réclamer ; Charles le Mauvais répondit qu’un douaire lui était dû à elle par son mari, et que, pour en assurer le paiement, il conserverait la somme qu’il tenait entre ses mains. « Ah ! Monseigneur, dit la dame, vous mettez trop grande haine par cette voie entre monseigneur et vous ; et si vous tenez votre propos, je n’oserai retourner en la comté de Foix, car mon-