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Chapitre quarante-cinquième.
Comment le bon veneur doit chassier et prendre le cerf à force.


Ore vueill-je donc, puisque cest enfant a esté bon page et bon varlet de chienz, et ore est bon ayde, qu’il soit bon veneur ; et li vueill aprendre comment il doit chassier et rechassier, et requerir, et prendre à force et par mestrise le cerf. Et doit avoir le veneur gros housiaus et de fort cuyr contre les espines, ronses et boys, et doit estre vestu de vert en esté pour le cerf, et pour le senglier en yver de gris[1], le corn au col, l’espée ceinte au costé, et le coutel pour defaire de l’autre part ; et doit bien estre monté de trois bons chevaulx ; les gans et l’estortouere en sa main, qui est

  1. De gris. De couleur grise, et non pas, comme on le dit dans une histoire de Gaston Phœbus, avec des vêtements garnis de cette fourrure que l’on appelle petit-gris. Gaston, dans un de ses précédents chapitres, a déjà expliqué que, pendant la belle saison, le vêtement du veneur doit être vert, afin qu’il se confonde avec la couleur des feuilles et que les animaux sauvages en soient moins effrayés. Par la même raison, quand la feuille est tombée, il faut que le costume de veneur puisse se confondre avec la couleur des troncs d’arbres ; il doit être gris. Dans le magnifique manuscrit de Saint-Vallier, l’artiste qui a peint les vignettes, s’est scrupuleusement conformé à l’indication de Gaston Phœbus ; et si on eût consulté cet ouvrage, un n’aurait pas donné une fausse interprétation.