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doubtance. Et je loe que quant il leur voudra fere leisser il leur die : Houhou ! fihou ! ou yra ! Ceci di je affin que quant ilz chasseront le change il leur die les meismes motz et ilz laisseront à chassier le change, einsi qu’ilz font à lessier le pain de leur bouche ; et quant il voudra qu’ils preinhent le pain, si les efforce einsi qu’il voudra fere quant il voudra qu’ilz chassent. Et s’ilz accueillent le change, il les doibt à un autre fère batre en disant : Houhou ! ou yra ou yra ! et Fy ! fy ! à la hard ! à la hard ! Et quant ils orront ces motz, et ilz chasseront le change, ilz se doubteront d’estre batuz, si leisseront leur chassier et s’aviseront en leur bestesse que quant ilz chassent le change ilz sont batus, et quant ilz chassent le droit ilz ont les bonnes cuyrées et on leur fet feste. Toutes voyes faut-il qui vuelt avoir bons chiens ne sages qu’ils soient menés par une main. Et s’il y a plusieurs veneurs, au moins qu’ils parlent tout d’un langaige à leurs chiens et non pas divers. Et lors les chiens sauront quant ils font mal ou bien. Aussi di je d’un limier de le fere tere à matin[1] ou enseigner li autres coustumes, qu’il le puet mieux fere qu’il ne fet aux chiens courans, quar il le tient touzjours au lien, si en puet mieulz fère à sa guise. Encores quant un chien ne se vuelt bien avisier, ne laisser d’accueillir le change, se le chien est à prendre[2] et ha chassé le droit avec les autres, il li doit fère bonne cuyrée et bonne feste et fère li tirier la teste einsi comme à un limier ; et s’il a accueilli le change et n’a esté à prendre le cerf, il le doit lier de lez la cuyrée, qu’il voye mengier les autres sans ce qu’il ne menje point. Aussi y ha il des chiens que quant on n’a limier et on chasse chevreuls, ou lièvre, ou dains on leisse aler querant et en y a de tieulz qui crient tant et sont si jangleurs que on ne scet se c’est de bonnes erres ou de hautes erres de quoy ils crient ; et ce leur vient de troys choses : l’une pource qu’ils ont bon nez, l’autre de la

  1. Aussi di je d’un limier de le fere tere à matin, etc. Je dis aussi d’un limier qu’il faut le rendre muet de bonne heure.
  2. Est à prendre ; c’est-à-dire, est à la prise.