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Prenant à cœur de justifier la confiance que lui témoignaient les populations, Gaston s’empressa de rassembler ses troupes. Il marcha contre les routiers et les atteignit auprès de Rabastens, au moment où ils venaient de piller un monastère ; ces misérables, pris à l’improviste, n’opposèrent qu’une faible résistance ; plus de quatre cents d’entre eux furent faits prisonniers. Ils étaient souillés de crimes et ne méritaient aucune pitié ; aussi Gaston les fit-il pendre aux arbres du voisinage ou noyer dans le Tarn.

Pendant que le comte de Foix s’appliquait à rétablir dans le pays l’ordre et la sécurité, les députés de l’assemblée de Toulouse étaient arrivés à la cour. Ils demandèrent que le gouvernement de la province fut laissé au guerrier à qui Charles V l’avait confié ; mais on répondit que le roi avait fait connaître sa volonté et qu’elle était irrévocable. Les députés reprirent donc la route de leur province, bien déterminés à maintenir ce qui avait été arrêté dans l’assemblée de Toulouse. De leur côté les régents tentèrent une démarche auprès de Gaston. Ils lui firent porter une lettre du roi et lui demandèrent ses conseils et son assistance. La réponse de Gaston fut loin de les satisfaire. Il blâma la nomination du duc de Berry, et il déclara que, pour son compte, « tant comme il auroit la vie au corps, il ne souffriroit en Langue-d’Oc seigneur ou partie. » Il n’était plus d’accommodement possible. Des deux côtés on prit les armes. Les troupes conduites par le duc de Berry, rencontrèrent celles de Gaston dans une plaine aux environs de Revel, le 16 juillet 1381. Les bandes du comte de Foix se composaient de vieux soldats exercés depuis long-temps aux fatigues de la guerre. Elles eurent bientôt fait pencher la fortune en leur faveur. L’armée royale fut mise complètement en déroute. Cette victoire permettait à Gaston les plus vastes espérances ; mais s’il se fût laissé éblouir, les évènements n’eussent pas tardé à dissiper ses illusions.

Dans tous les temps, dans tous les lieux, le peuple est le même. Lorsqu’il ne sent plus peser sur lui la main de l’autorité