Chapitre cinquante-deuxième.
Ci devise comment on doit chassier et prendre l’ours.
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quant le veneur voudra chassier l’ours, c’est le
meilleur et la plus seure chose d’aler en queste à tout
son limier ; quar autrement à l’ueill il trespasseroit trop
de fois routes ; quar le chien en assentira en trop de lieus qu’il
n’en pourroit jà veoir. Et s’il n’a limier, il fault qui le quiere
en traillant à l’avanture einsi que j’ay dit du dain et du chevreul.
Et comme j’ay dit devant de sa nature et de ses menjures, doit
aler en queste selon les temps qu’il pourra fere ses menjures.
Au temps que les bledz et herbes sont, si aille en queste aux
champs. Et au temps des vignes, de la glant et de la fayne et
des autres menjures que j’ay dit qu’il fet, si aille en queste à
chescun selon sa sayson ; et le doit destourner et leissier
courre tout einsi que un senglier. Et pour le chassier et plus tost
prendre, doit il avoir meslez mastins avec les chiens courrans.
Quar ilz le pinsent et le font courroucier tant qu’ilz le metent
aux abois, ou ilz li font vuydier le pays. Et s’il ha des alans qu’il
giète aux aboys, dedens le bois, ilz ne le leisseront jà partir
d’une plasse, jusque tant que on l’ayt tué. Et einsi sera plus
tost pris ; quar il ne tue mie les chiens einsi comme fait un
senglier, mes il les mort et estraint et afole tant que se j’avoye