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Donc cuyderont saillir les connins et se prendrent ès bourses qui seront devant en chescune fosse. Et si les connins sont en grans pays où il ne hait terriers fors que les fosses qu’ils mesmes font en terre, lors les doit il chassier et tendre pourchetes et royseulz[1] et paniaulz, et si mestier est, fere hayes basses et petis pertuis, selon ce que la beste le requiert. Es pertuys puet tendre poches et las, ou petites ou menues cordeletes, espiciaument par les fausses voyes et sentiers où il voye qu’ilz ayent hanté d’aler et de venir. Aussi s’il n’a fuyron et vuelt prendre les connins qui sont dedenz les fosses, il les puet faire saillir hors avec pouldre d’orpiment et de souffre et de mirre[2] que mete arse[3] dedens ou parchemin ou drap ; et ait tendu, au dessous du vent, les bourses, comme j’ay dit, quant le fuyron y est ; et mete au dessus du vent le feu des poudres dessusdites ; et jà connin n’i demourra, que touz ne se vieignent fère prendre ès bourses. Pource que la chasse n’est pas de trop grant meistrise ne l’en ne les chasse à fourse, m’en teray-je, quar assez en ay dit[4].

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    fasse de son côté le tour du col. On les réunit sur la nuque par un dernier nœud dans lequel on pince un peu de poil pour éviter que ce collier ne glisse et que le furet ne s’en débarrasse.

    Sans ces précautions le furet peut rester au terrier, et alors il faut ou attendre sa sortie, ou défoncer le terrier, ce qui n’est pas une besogne fort agréable. Aussi les Espagnols ont-ils adopté ce proverbe : « Nul ne creuse de bon cœur que le maître du furet. » No cava de corazon sino su ducho del furon.

  1. Royseuls. Réseaux.
  2. Mirre. Myrrhe, résine odoriférante. Dans le manuscrit de Neuilly on lit mierre, qui signifie médecin. C’est évidemment une erreur du copiste.
  3. Arse. Ardre, brûler.
  4. La chasse au furet était autrefois considérée comme une chasse cuisinière. Elle était dédaignée par les veneurs et laissée aux petites gens. Aussi le proverbe disait-il : « C’est la noblesse à Mathieu Furon ; va te coucher, tu souperas demain. »