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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/279

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voit, il doit se retrère sans leur fere null annuy, et sans regarder combien ilz ont mengié ; quar s’ilz ont mengié ou pou, ou trop, ce ne fet rien au fet, se mal non puis qu’il les a veus. Quar c’est merveilleusement malicieuse beste comme j’ay dit. Mes je loe que, un peu loinh de la charoinhe, il monte sus un arbre pour veoir où les lous iront, ou s’ils demourront. Quar de leur nature ne demeurent pas voulentiers là où ils ont mengié ; ansois aucune fois s’en iront de haute prime, ou pource qu’ilz seront venuz trop tard mengier, ou pource qu’ilz vuelent aler demourer au soleil plus qu’au bois, qui est en l’ombre et au froit, ou pour eulz vuidier et esbatre, ou pour aucun annuy que on leur hara fait. Pource loe je qu’il demeure jusques à heure de prime ; et combien de lous li semble, selon les menjures qu’ilz aront fet, qu’il y doyve avoir. Et puis s’en doibt revenir à l’ostel et fère son report à son seigneur. Et puet regarder par les voyes qui sont autour du buisson, s’ilz s’en vont hors du buisson, ou s’ilz y demuerent quant ils ont mengié. Et s’il ha limier qui encontre voulentiers louz il puet prendre autour du buysson sans entrer dedens ; si sera plus seur s’ilz y sont demourez ou non, quar son limier en assentira en moult de lieus où il n’en pourroit veoir. Et s’il en assent et il voit qu’ils aillent hors, il doit regarder se ce sont tous les lous qui ont mengié, ou un deux, quar aucunefois un lou s’en va et les autres demuerent ; et aucunefois un en demuere se les autres s’en vont, einsi comme leur vient à voulenté, ou les causes y sont, comme est quant ilz sont trop plains. Quar quant ils sont trop plains, ils demuerent plus voulentiers. Et aussi quant lous viennent devant le jour et ils n’ont mie mengié leur saoul, et le jour les y prent, ils demuerent plus voulentiers que ceulz qui ont mengié au vespre ou juenes lous, ou autres causes semblans. Quar un lou est si malicieux que à grant poine demuere il là où il ha mengié. Et pour ce est-ce bonne chose de fere de petit de char son train et leissier au buisson, où l’en voudra chassier, une mauveise beste, vive encore, liée les jambes, que elle ne se puisse deffendre. Et quant les lous aront mengié le train qui