Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/290

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Chapitre cinquante-neuvième.
Ci devise comment on doit chassier et prendre la loutre.


Et quant le veneur voudra chassier la loutre, si doit avoir limiers pour la loutre, quar ce sera plus seure chose. Et doit fère aler quatre vallez en queste : deux amont l’eaue et les autres deux aval l’eaue ; les unz d’une part de l’eaue, et les autres de l’autre part. Et s’il ha loutres ou pays, les unz ou li autres en encontrera ; quar loutre ne puet tousjours demourer en l’eaue, qu’il n’en saille hors la nuyt, ou pour soy esbatre ou pour soy vider, ou pour pestre de l’erbe ce que elle fet aucunefois. Et si son chien en encontre, il doit regarder s’il en pourra veoir par le pies ou en sablon, ou en autre mol terrain près de l’eaue. Et doit regarder où tient la teste en alant aval ou amont. Et s’il ne n’en puet veoir par le pié, il en devroit veoir par les fientes ou espreintes ; et le doit poursuyr de son chien, et destourner le einsi que on fet un cerf ou un sanglier. Et s’il n’en puet encontrer tantost, il puet aler demie lieue querant amont l’eau ou aval, quar une loutre va bien querir demie lieue ses menjures et volontiers amont l’eaue, pource que l’eau qui vient aval porte le vent des poissons qui sont dessus, ou le nés au vent, pource que le vent li aporte au nés l’assentement des poissons qui sont au dessus du vent.