Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/31

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxvii

son fils ; mais ces témoignages d’affliction ne purent ni calmer sa douleur, ni le garantir du nouveau malheur qui devait bientôt l’atteindre. Une jeune femme, nommée Marguerite, vivait depuis plusieurs années à la cour d’Orthez. Elle était bonne, pieuse et charitable ; elle était aimée de tout le monde, et l’on ne pouvait lui reprocher qu’une faute : de vivre maritalement avec Gaston Phœbus, lorsqu’il n’était pas possible à l’Église de consacrer leur union. Plus que personne elle fut affectée de la mort de ce pauvre enfant. Peut-être sa conscience lui reprochait-elle de n’être pas tout-à-fait étrangère à ce funeste évènement. Peut-être devait-elle croire que, sans elle, Gaston Phœbus n’eût pas si rigoureusement tenu sa femme reléguée en Navarre. Quoi qu’il en fût, un soir qu’elle était agenouillée dans son oratoire, elle crut entendre, près d’elle, gémir l’âme du jeune Gaston, qui venait demander des prières. Elle en fut tellement effrayée, que ses femmes la trouvèrent évanouie au pied de son prie-Dieu. La tristesse glaciale qui régnait alors à la cour d’Orthez n’était pas de nature à effacer l’impression profonde que cette vision avait faite sur son esprit. Les consolations de la religion ne purent non plus la dissiper ; aussi, au bout de peu de temps, la pauvre Marguerite rendit son âme à Dieu. Ce fut pour le comte de Foix un nouveau sujet de tristesse. Il chercha, dans la religion, un soulagement à ses chagrins. « Il récitoit, rapporte Froissard[1], planté[2] d’oroysons ; tous les jours un nocturne du Psautier, heures de Notre-Dame, du Saint-Esprit, de la Croix et Vigile des morts. Il a même composé des prières dont une copie se trouve à la suite du manuscrit conservé à la Bibliothèque Nationale, sous le no 7097. Aucun bibliographe, jusqu’à ce jour, n’en a parlé, et cependant elles ne sont pas sans intérêt. Elles donnent quelques détails sur les premières années de l’auteur. « Je les ai composées jadis, écrit-il dans sa lettre au duc de Bourgogne, quand mon Seigneur fut

  1. Vol. 3, ch. 8.
  2. Planté, abondance.