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courroucé contre moi. » On pourrait inférer de cette phrase qu’elles ont été écrites pour calmer les ennuis de sa captivité lorsqu’il fut renfermé au Châtelet. Mais il s’y trouve des passages qui ne sauraient s’appliquer à sa jeunesse.


« Dieu tout-puissant, je vous ai supplié de m’accorder l’honneur des armes, et vous m’en avez comblé.

» Tellement que chez les Sarrazins, les Juifs, les chrétiens, en Espagne, en France, en Allemagne, en Lombardie, en çà et au-delà des mers, par votre grâce mon nom est connu.

» En quelque lieu que j’aie été, j’ai remporté la victoire, et vous avez livré tous mes ennemis entre mes mains. »


Certainement ces versets ne sont pas d’un jeune prince, mais d’un guerrier renommé pour ses exploits. Gaston les a donc écrits dans son âge mûr, au milieu des afflictions dont la Providence l’a frappé. Au reste, les évènements ne lui permirent pas de s’abandonner long-temps à son chagrin : le bruit des armes vint faire diversion à sa douleur. Deux ans ne s’étaient pas écoulés depuis la mort de son fils, lorsque, vers la fin de l’année 1382, le comte de Flandres fut chassé de Bruges par ses sujets révoltés. Le roi de France, en qualité de seigneur suzerain et de protecteur du prince détrôné, conduisit en personne une armée contre les rebelles. Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, avait le plus grand intérêt au succès de cette guerre. Il était gendre et présomptif héritier du comte de Flandres. Aussi Gaston Phœbus, lié depuis long-temps par une étroite amitié avec le duc Philippe, ne pouvait se dispenser de prendre part à cette lutte. Il accourut à la tête de ses chevaliers, dont les efforts contribuèrent à la victoire de Rosebecq. Ce fut le dernier des faits d’armes qui signalèrent la glorieuse carrière de Gaston. De retour dans ses États, il s’appliqua surtout à y faire régner l’ordre et la justice. Après les soins du gouvernement, la chasse et l’étude des lettres lui aidèrent à tromper le souvenir de ses chagrins. C’est probablement vers ce temps qu’il prit la résolution d’écrire son livre de vénerie. Le poème