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sèche la gorge, et li fet grant mal ; et aussi fuyt il aval le vent, pource qu’il oye touzjours les chiens venir après luy, et aussi affin que les chiens ne puissent bien assentir de luy ; quar ilz auront la cueue au vent et non pas le nez. Et quant illes orra[1] que soient près qu’il se haste bien ; et quant il les ora loing qu’il ne se haste mie trop.

Et quant il est chaut et las il se vet[2] rendre et refreschir ès grosses rivières, et se fera porter aucune fois à l’iaue demie lieue ou plus sans venir à l’une rive ne à l’autre. Et ce fet il pour deux raysons : l’une pour soy refroydier et refreschir du grant chaut qu’il a, l’autre pource que les chiens et veneurs ne puissent aler après luy, ne assentir les chiens en l’iaue comme ilz ont fait par terre. Et si en tout le pays n’a grosses rivières, il va ès petites et batera ou amont ou aval selon que plus li plaira la rivière sans venir à une rive ne à l’autre demie lieue ou plus, et se gardera le plus qu’il pourra de toucher aux rains[3] ne branches ; mes toujours par le milieu, affin que les chiens n’en puis-

    usage dans une partie du midi de la France et principalement en Bourgogne. Au commencement du douzième siècle, un prince bourguignon, le comte Henry, arrière-petit-fils du roi de France, Robert l’excommunié, ayant épousé la fille illégitime d’Alphonse VI, roi de Castille et de Léon, reçut en dot le Portugal dont il fut le premier souverain. Les chevaliers bourguignons, qui l’avaient accompagné, introduisirent probablement en Portugal l’orthographe dont ils avaient l’habitude. Elle y est encore usitée. Elle s’est également conservée dans le patois du Béarn. Dans ces deux idiomes, pour rendre le son de la syllable gni, on écrit nh : Senhor, prononcez segnior. Dans Gaston on trouve souvent montanhe pour montagne ; bainher pour baigner, etc.

  1. Orra, entendra.
  2. Vet, va.
  3. Rains, rameaux.

    Rose sur rain, ne noif (neige) sur branche,
    N’est si vermeille, ne si blanche.

    (Roman de la Rose, vers 17100.)