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Chapitre troisième.
Du dain et de toute sa nature.


Dain est une beste diverse et combien que moult de gens en ayent veus, les tous n’en ont pas veus ; et pour ce en veuillje deviser. Il n’a point le poill tel comme a le cerf, quar il y a plus de blanc ; ne aussi la teste. Il est plus petite beste que le cerf et plus grant que le chevreul. Sa teste est paumée de longue paumeure et porte plus de cors que ne fet un cerf. Sa teste ne pourroit on bien deviser sans la paindre. Ilz ont longue cueue trop plus que un cerf. Ils portent aussi plus grant venoison que ne fet le cerf selon leur corsaige. Ilz naissent en la fin de may ; et brief toutes leurs natures ont après la guyse du cerf, fors tant que le cerf vet plus tost au ruyt et est plus tost en sa sayson que le dain. Et en toutes autres choses de leurs natures aussi va devant le cerf ; quar quant les cerfz ont esté xv jours au ruyt, à paines le dain se commence à eschauffer. On ne fet point suyte de limier au dain, ne vet en queste comme au cerf, ne ses fumées ne sont point en jugement comme celles du cerf ; mes l’en le juge par le pié et par la teste, einsi comme je diray plus à plain, ci avant. Ilz giètent leurs fumées en diverses manières selon les temps et selon les viandis comme font les cerfz ; mes plus voulentiers en torches que autrement. Quant chiens les chassent ils tournient en leurs pays et ne font point einsi longue fuyte comme fet le cerf ; car ilz ressaillent aux chiens moult de fois ; mais ilz fuyent bien longuement, et fuyent touzjours s’ils