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Page:Gaston Phoebus - La Chasse, J-Lavallee, 1854.djvu/92

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Chapitre cinquième.
Du chevreul et de toute sa nature.


Chevreul est assés commune beste ; si ne me convient jà dire de sa fasson ; quar pou de gens sont qui n’en ayent veu. Moult est bonne bestelete et gracieuse pour chasser qui bien le scet faire comme je deviseray ci avant. Et pou de veneurs sont qui bien à droit sachent sa nature. Ilz vont en leur amour en octembre, et dure leur ruyt environ xv jours ; mes le ruyt n’est fors qu’avec une chevreule ; quar toute la saison demuerent ensemble le masle et la femelle comme font les oyseaus, jusques tant que la femelle doit faonner. Et lors la femelle se despart du masle et vet faonner bien loing ; quar le masle tueroit le faon s’il le trouvoit. Et quant il est grant, qu’il puet mengier des herbes et de la fueille et fuyr, adonc la chevreule se racompaigne avec le masle et touzjours seront ensemble qui ne les tuera ; et qui ne les despartira et chassera moult loing l’un de l’autre ; et touzjours se racompaigneront le plus tost qu’ilz pourront ; et si querront l’un l’autre jusques tant qu’ilz se soient trouvés. La cause pourquoy ilz sont touzjours einsi ensemble le masle et la femelle et nulle autre beste du monde ne l’est, si est pour ce que voulentiers une chevreule porte deux faons, masle et femelle ; et quant ilz sont nez ensemble touzjours se tiennent ensemble. Et pour quant qu’ils ne soient nez d’une chevreule si est leur nature telle comme j’ay dit dessus. Et j’ai prins chevreule qui avoit v faons dedans le corps.