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de Louis XIV. Le grand roi l’obtint à son tour, puis s’en désaisit en faveur du comte de Toulouse. Comment de ces dernières mains arriva-t-il au rayon où chacun le peut admirer aujourd’hui, à sa vraie place ? Il importe assez peu. Le royal manuscrit est définitivement bien national.

Vers 1840, Rivarès et Émile Vignancour, deux noms bien connus et vénérés en Béarn, éditèrent le Traité de Chasse, mais le Livre des Oraisons, où le trouver ? Hatoulet lui-même[1], ce bibliophile passionné qui avait perdu ses yeux à déchiffrer les documents des Archives si riches des Basses-Pyrénées, ne l’avait point découvert. Qu’on juge de notre joie, lorsque le titre de l’opuscule désiré s’offrir à notre curiosité, à la page 122 du précieux M. S. 616.

Cette joie sera partagée, nous l’espérons, par ce public spécial à qui s’adressent ces pages : les amis fervents de la patrie béarnaise, les amateurs des vieilles lettres et des documents historiques.

Les premiers sont nombreux. Tout Béarnais aime son Béarn, même alors que n’ayant jamais quitté le sol natal, il ignore qu’il coule ses jours dans le plus beau pays du monde. Mais celui que les hasards de la vie ont exilé loin du ciel de Pau, ressent bien plus vivement l’amour de la patrie béarnaise. Tout ce qui se rapporte à elle l’intéresse très particulièrement.

Les philologues, moins nombreux, aimeront à voir comment après Joinville, au temps de Froissart, un étranger, prince montagnard, écrit la langue française. L’idiome béarnais était la langue naturelle de Gaston-Phébus. Celui-ci nous révèle pourquoi de préférence il use de la langue de France : « Ma langue, écrit-il, n’est

  1. Ce spirituel bibliothécaire de la ville de Pau, à qui la langue béarnaise doit son plus joli sonnet, avait réuni les éléments d’un Dictionnaire béarnais. Après sa mort, sa famille aujourd’hui totalement éteinte, les avait remis à M. Lespy qui les compléta si heureusement.