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tuis ; qui pro magnâ dilectione quam habeas humano generi et pro salvatione eorum voluisti Verbum hoc est Jesum Christum filium tuum mittere in terram, incarnari in benedicta Virgine Maria sine ulla labe et corruptione ; qui facis et fecisti et habes plenam potestatem faciendi tanta miracula quæ aures audire, nec lingua loqui, nec oculi cernere nequirent ; quia omnia in manu tua sunt. Ergo, meus Deus, per tuam magnam potestatem et tuam misericordiam magnam et propter nomen tuum sanctum tetragiamaton, ego indignus servus tuus Phœbus, tibi supplico et rogo humiliter quod tibi placeat parcere et misericordiam habere mihi cui tu, Domine, tanta fecisti miracula et bonitates ; sit Domine ut placeat tibi quod ego maneam in tuâ firma spe ; et administra mihi gubernare populum meum ad beneplacitam tuum ut in vita et in morte possim requiescere in tua gratia. Amen.

Miserere mei, Domine Deus, per tuam dulcem pietatem et tuam misericordiam magnam, quia nulla miserabilis creatura peccator plus quam ego fuit, nec qui minus debeat habere tuam gratiam. Verum tamen, Domine, quia tu fecisti tot bona quæ per humanum


qui à cause de votre grand-amour pour l’humanité et pour son salut, avez voulu envoyer en terre le Verbe, c’est-à-dire Jésus-Christ, votre Fils ; qui avez voulu qu’il s’incarnât dans la bienheureuse Vierge Marie sans tache et sans souillure ; qui faites, qui avez fait et avez plein pouvoir de faire tant et de si grands miracles qu’il serait impossible aux oreilles de les entendre ; à la langue de les dire ; aux yeux de les discerner, parce que toutes choses sont en vos mains. Donc, mon Dieu, par votre-grande puissance et votre grande miséricorde et à cause de votre nom trois fois saint, moi, votre indigne serviteur, Phébus, je vous demande humblement et vous supplie qu’il vous plaise de me pardonner et de m’avoir en pitié, moi que vous, Seigneur, avez comblé de bienfaits si prodigieux et de bontés ; qu’il vous plaise, Seigneur, que je reste dans votre ferme espérance ; accordez-moi de gouverner mon peuple selon votre bon plaisir, afin que dans la vie et dans la mort je puisse reposer dans votre grâce. Ainsi soit-il.

Ayez pitié de moi, Seigneur Dieu, par votre douce pitié et votre grande miséricorde, parce que nulle misérable créature n’a été pécheresse plus que moi, ne méritant, moins que moi, d’obtenir votre grâce. Cependant, Seigneur, parce que vous n’avez fait tant de biens que les hommes ne pourraient les énumérer, je veux, néanmoins, les rapporter, en partie, afin que toute personne ait ferme confiance