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en moy croisse le tien désirer, et ainsi me faces être participant de ceulx qui te creignent et gardent tes commandemens que par timour de servitude ie merisse avenir a grace damour, par laquelle finablement ie vieigne a ta gloire.

XV

De conscience certes tremblant Dieu tout puissant vieing devant toi, mais à la fiance de la misericorde de ta pitié ie retourne a toy, et ia soit ce, que a aourer et a donnera toy sacrifices ne soye dignes, toutes voyes me vault mielx ce me semble de lessayer. Pour ce te pri très piteux pére et très gracieux qu’il te plaise a moy regarder de ton doulz visaige et a prendre en gré ma petite et bonne voulenté, et a moy aidier en la bonne affeccion que tu me donnes et en moy regarder les choses de mon cuer et purgier, et ce ie par la charge de mes péchiez et par coulpe suy constraint ie te pry sires que par lesgart de mes prières soyent à toy en toutes choses plaisans.

XVI

Sur toutes choses piteux sires ie tappelle dedanz marme la quele tu appareilles a toy prendre par le désirer ; a elle espire, entre doncques, sires, en elle et la appareille a toy par quoy tu layes, car tu, sires las fourmée et par quoy ie aye tousiours come droit si que signe toy sur mon cuer ie te suppli sires très miséricors que moy qui tappelle ne delaisses, car premier que ie tappellasse tu mas appellé et demandé, par quoy ie ton servant te querisse et en querant te trouvasse, et trouvé ie tamasse. Ie toy queru et toy trouvé, et toy sires ie desire a amer : sires acrois mon desirer et donne moy foy que ie demande, car se toutes choses que tu as faites tu me donnoyes il ne soufiroit pas à moy ton servant senz toy. Vray Dieu donne donc toi à moy sil te plaist, rent moy à toy car cest ce que iayme, car à toy seul vray Dieu suy ie tenuz et en ta doulce memoire me délite. Veez cy sires que quant marme pense et souspire à toy et considère ta inexplicable pitié, le visaige de la char li fait granz perturbations et cogitations. Plaize toy sires que le mien cuer arde et